La rando du détour surprise

Suède (2013) - 100km

 

Et on est reparti pour un tour! Il faut dire, ça me manquait. Après ma toute première rando longue distance où j’ai cumulé toutes les nooberies possibles, j’étais en manque de nooberies. Et je suis donc reparti en Suède pour à nouveau 8 jours, cette fois ci d’Abisko, tout au nord de la Suède, à Nikkaluokta.

Cette fois ci, c’est beaucoup plus accessible : juste un train de nuit de Stockholm qui arrive directement à Abisko, un micro spot touristique à l’entrée du parc national d’Abisko. Ca change des 2 bus supplémentaires de la dernière fois ! Par contre, qui dit plus accessible, dit, plus de monde… Bon tout est relatif, mais on parle quand même de croiser une dizaine de personnes par jour!

Observez la bouteille en verre avec un message à l’intérieur abandonnée par des noobs romantiques… tss tss. Flagellation!

Les upgrades

J’ai donc appris de mes nooberies de l’année dernière et me suis upgradé :

  • Une partie de mes vetements ne sont plus en coton — c’est mieux quand ca sèche vite
  • Laissé tombé mon filtre à eau de compétition aussi lourd que massif
  • Un nouveau sac à dos plus gros et plus lourd — c’est pas encore de l’upgrade dans le bon sens ca !
  • Une tente 4 saisons pour mieux tenir le froid — et ca me sauvera par la suite…
  • Pris du Mygga, l’antimoustique suédois tellement fort qu’il fait fondre la peau et qu’il est interdit à l’export — vous n’imaginez pas les nuages de moustiques la bas…
  • J’ai pris une vraie carte !!

Mais bon, cela ne suffira pas, et j’aurais de quoi vous faire sourire en nooberies. Mais reprenons le récit.

Un chemin relativement plat, vert, et sublime.

Nous descendons donc plein sud dans le parc national d’Abisko, un beau coin boisé assez populaire, et nous commencons à grimper. Sans le savoir, nous sommes sur le fameux Kungsleden, un long chemin de randonnée qui traverse les montagnes du nord de la Suède. Les premiers jours sont assez calmes, rien d’imprévu, et nous avancons, confiant — après tout on est plus des noobs, qu’est ce qui peut nous arriver?

Premier retour à la réalité : on décide de prendre une section en pointillé sur la carte, et on se retrouve à une jonction de deux lacs, un lac se déversant dans un autre lac, et cette jonction doit faire une cinquantaine de mètres de long, pour de l’eau qui nous arrive au dessus des genoux, et avec un certain débit. Et la bam, reflexe de noob : il faut pas mouiller nos chaussures ! Et voila t’il pas que l’on commence à traverser cette section pieds nus, avec le fond fait de long et plats rochers bien glissants comme il faut… Et je ne parle pas du sac à dos bien accroché sur mes hanches, histoire qu’il m’entraine bien en cas de chute. Heureusement, le hasard ou mon ange gardien a fait qu’il y eut 2 pecheurs en barque pas loin, et qu’il nous ont crié de faire demi-tour (je suppose, ca criait fort et ca parlait Suédois) — ce après quoi ils nous firent traverser dans leur barque. Cool, merci!

Ca se voit pas sur la photo, mais il y a quelques centaines de moustiques autour de moi en ce moment.

Le palace

Notre nouvelle tente est un palace! La chambre est à gauche, et le salon à droite, et 2 portes pour y accéder. On s’amusait parfois à paver le sol du salon eheh… Ce qui est top, c’est de pouvoir monter la protection pluie dans un premier temps, puis l’intérieur de la tente après : en cas de grosse pluie, on sait qu’on dormira dans une tente sèche. Et plein de place pour mettre les sacs, les affaires à secher, et en plus de ca, de la place pour faire la cuisine si il pleut dehors! J’ai même lu qu’une personne utilisait le salon pour stocker son vélo!

Par contre, évidemment, c’est un peu plus lourd, et c’est plus long à monter. Ce modèle en particulier, une Lightwave T20 hyper XT, a ses arceaux particulièrement difficile à mettre en place — combien de fois j’ai eu peur de déchirer la tente pour les mettre…

Aaaah, la mer de rochers… A partir de la, nous tournons à gauche et nous engageons dans la vallée.

Le détour

Nous continuons le chemin, nous sommes au 5ème jour et tout se passe bien — aucune boulette, aucun pépin, le chemin est tracé et relativement facile. On décide donc de corser les choses et de prendre un « raccourci » qui passe par un col : sur la carte, la distance est quasi-équivalente, et ca changera un peu, se dit-on. Je crois que c’est à partir de cet épisode à venir que j’ai appris à respecter les cartes !

On commence donc le détour par une bonne grosse montée, ~500m de mémoire, le tout sur un terrain assez difficile. Qui n’a jamais revé de gambader sur une mer de rochers, sautant de rocher en rocher tel un cabris, avec à tout moment la possibilité de s’y coincer un pied ou un baton? Bizarrement, j’ai kiffé cette partie la — j’ai de droles de gènes. Il est a noter aussi que cette année je me suis préparé physiquement ! Je me suis mis à courir régulièrement pour créer un peu de muscle autour de mes tibias, une belle amélioration par rapport au zéro pointé de l’année précédente !

En fin de journée, le vent commence à se lever. On est encore a quelques kilomètres du col, mais nous posons la tente, bien dans l’alignement du vent comme il faut, et allons dormir. Quelques heures plus tard, pendant la nuit, reveil avec la tente bien malmenée par le vent, qui a bien entendu changé de sens, gah ! Et bien entendu le doute s’installe : ai-je bien accroché la tente? Est ce que les pitons sont suffisament enfoncés? Est ce que le terrain n’était pas trop mou? La tente remue assez violemment et j’essaie assez naivement de la tenir tout en essayant de dormir…

La vallée avec des nuages menacants…

La tempête

Les heures passent très lentement, et il est enfin « le matin » — avec la nuit quasi inexistante à cette époque de l’année, difficile de voir la différence. On remballe la tente sous le vent qui continue assez violemment, et nous continuons le long de la vallée pour atteindre le col. Le temps se dégrade encore, le brouillard s’installe, la pluie commence doucement, puis par trombes. Malgré nos vetements imperméables, nous finissons très rapidement trempés, et les chaussures font chlop chlop. Le terrain continue d’être une mer de rochers, plus ou moins espacés par endroits, et il devient assez difficile d’avancer, avec les rochers devenus glissants. Et il n’est que 8 heures du matin, et on a un col à traverser pour rester dans les temps!

Les heures passent, nous marchons lentement, et la pluie ne s’arrete pas, de gros ruisseaux se forment de toutes parts. Suivant la nature des mers de rochers, nous alternons d’une rive à l’autre de la vallée, attendant toujours de voir à tout moment la fin du col et le début de la vallée descendante. Mais on ne le voit toujours pas. Le brouillard n’aide pas à nous repérer, nous avons du mal à estimer la distance parcourue. On commence à avoir froid.

Et la, le choc : nous arrivons à un cul de sac. La vallée donne sur un cul de sac, avec des parois abruptes de toutes parts. Je comprends pas, la carte montrait un chemin. On est gelé, la pluie et le vent n’arretent pas, on se dit qu’il faut qu’on pose la tente. Sauf que c’est une mer de rochers, nulle part ou camper ! On cherche pendant un bon moment, et coup de chance on trouve un espace plat près d’un gros rocher. Je monte la tente sous la pluie et le vent, exercice très sympathique, et je l’amarre comme j’ai jamais amarré une tente : toutes les cordes d’ancrage mises (et il y en a pas mal !), des rochers mis sur toutes les sardines, et aaaah le bonheur de rentrer sous la tente, sèche ! Tous les vetements mouillés restent dans le vestibules, et on se roule dans nos sacs de couchages. Et les heures passent, la nuit passe, et doucement le vent et la pluie se calment. C’était assez surréaliste, après autant de temps dans le brouillard, de voir le décors apparaitre.

Il fallait le trouver, ce coin où camper!

Je découvre tout d’abord que nous sommes pas entièrement dans un cul de sac : une voie est possible par le col à droite, bien visible sur la photo. Et je découvre aussi que si j’avais sérieusement lu la carte, j’aurais vu qu’il y avait un peu de dénivelé montant en fin de vallée et je n’aurais pas été surpris. Cela étant dit, avec le brouillard et l’absence de marquage mis à part les rares cairns, je n’aurais de toute facon pas pu trouver le chemin.

Je découvre aussi que le vent a tordu les arceaux de la tente ! Dire que j’ai pris une tente spéciale 4 saisons, en tunnel, justement les plus résistantes au vent, ca en dit long sur la force du vent ! Et j’apprends aussi que c’est OK de mettre des rochers sur les sardines pour les tenir, mais il faut choisir des rochers lisses, ou bien les cordes se couperont à force de frotter sur le rocher ! Bon.

Le temps s’améliore, on remet nos habits encore mouillés, et on repart! Pour accéder au col, on suit un raide amas de rochers assez petits, et on essaie de s’éviter de s’envoyer des avalanches de rochers l’un l’autre. On arrive la haut, on croise un micro lac, et ensuite... catastrophe.

Oops. Par où on passe?

Le glacier

On arrive sur une falaise, avec un glacier sur notre droite. On voit tout en bas sur la photo le refuge que nous visions depuis le début, mais on ne peut pas l’atteindre. On fait la falaise de long en large, on s’approche très prudemment des bords, et on a le vertige. Merde, tout ca pour être bloqué, devoir faire demi-tour, et devoir rusher pour ne pas être en retard !

Mais alors qu’on commencait à déprimer, on croise deux personnes ! Mais mais, d’où viennent t’elles? Elles viennent d’en bas ! Elles nous expliquent que le gardien en bas leur a indiqué le chemin, et qu’il s’agit de marcher sur le glacier, mais attention, à au moins 1m50 du bord, car on pourrait tomber dans la crevasse entre le glacier et la paroi rocheuse, mais pas trop loin non plus de la paroi rocheuse car il y a les crevasses. Ok… Je flippe un peu j’avoue. Mais en même temps, pas question de faire demi tour. Je m’engage, je prends le temps d’assurer chaque pas en enfoncant bien mon pied sur le glacier. Je pousse un rocher pour voir, il se met à galoper sur le glacier avant de faire un gros bang sur la paroi d’une crevasse, et de tomber dedans. Gloups. Et quand je pense que j’avais voulu passer le col hier dans le brouillard, la pluie et le vent...

Un beau glacier bien raide.

On mis le temps qu’il faut, mais nous arrivames en bas sans dégat. Vous observerez la vue du glacier depuis le refuge sur cette photo.

Et encore une fois, si j’avais pris le temps de lire la carte, j’aurais vu que je devais m’attendre à un glacier… Je crois que ca a été la lecon de cette rando : prendre le temps de lire la carte, et ne pas sous estimer les dénivelés et le terrain.

Cette rando aura au final été top, bien variée au niveau paysages (foret au début, bas et haut alpin par la suite) et niveau apprentissage (carte, intempéries, glacier, ..), et je prévoyais déjà la rando de l’année suivante...