Le Te Araroa

Nouvelle Zélande (2014/2015) - 2700km

 

A peine 3 randonnées de 8 jours de faites (Suède en 2012, Suède en 2013, Norvège en 2014), et BAM ! Le Te Araroa en Nouvelle Zélande !

Le Te Araroa, c’est :

  • 3000 kilomètres de l’extrémité Nord à l’extrémité Sud de la Nouvelle Zélande
  • 5 mois en moyenne
  • Un parcours pris par quelques centaines de marcheurs chaque année — une moitié solo, une moitié en coupe ou binome
  • Des paysages magnifiques, dans île Nord assez peuplée et une île Sud très sauvage
  • Un mode de vie

La prise de décision

Je vais pas faire mon malin, ca a été une grosse décision, et sur différents plans.

Finances

On parle de partir 5 mois en Nouvelle Zélande quand même ! Il faut donc compter le billet aller retour à ~1000 euros, puis les frais sur place, et l’équipement à acheter ! Bon j’avais de l’argent de coté à ce moment la, mais j’étais pas si serein. Et au final, les frais par mois ont étés bien plus faibles que prévu, j’en parlerais par la suite.

Job

Difficile de prendre 5 mois en RTT! C’est congé sabbatique pour les plus chanceux d’entre nous, ou alors c’est le plongeon, on quitte le travail et on se lance! De mon coté, j’étais freelance, j’ai donc stoppé le travail.

Appart

Ca serait très con de payer 5 mois de loyer alors qu’on est pas la… Alors il faut oser quitter son appart! Psychologiquement ca m’a permis de me dire que les frais sur place correspondaient à mon ancien loyer, donc au final je n’avais « que » le billet d’avion à payer.

Attaches

La c’est personnel. Je dirais que le tiers/moitié des marcheurs que j’ai croisé sur le Te Araroa l’ont fait en couple. Donc ca peut être un frein, sauf si vous arrivez à motiver votre copain/copine! De mon coté, pas de copine, donc pas de question.

L’arrivée en Nouvelle Zélande

Il est minuit passé, et je marche en périphérie d’Auckland avec mon gros sac à dos surchargé. Mon avion a attéri il y a quelques heures, et je viens de sortir du bus. J’ai une bonne mémoire visuelle, j’avais repéré le chemin sur Google Street View et je me dirige vers l' »hostel » que j’avais reservé.

Les « hostels », je ne connaissais pas, c’était une première pour moi, mais c’est pourtant hyper répandu ici en Nouvelle Zélande et Australie : ils s’agit de nos auberges de jeunesse, sauf que 1/ il n’y a pas cette connotation « que pour jeunes », même si la plupart le sont, et 2/ c’est culturellement bien plus utilisé. Les prix sont très abordables (15/20€ la nuit en dortoir), et ils sont très répandu. Le bémol, c’est qu’il faut supporter les aléas des dortoirs : généralement ca se passe bien, mais il arrive que la lumière s’allume à des heures tardives, qu’il y ait du bruit, le tout généralement lié à l’alcool.

J’arrive donc devant mon hostel, et une enveloppe m’a été laissée avec la clé de mon dortoir. J’y entre, m’emelle les pieds dans un gros bordel par terre, et m’en vais dormir. Je me réveille autour de 5 autres touristes, dont 1 francais, qui se révèlent être des hotes « longue durée » — ils ont un job et ils vivent dans l’hostel! Je découvre ainsi qu’il est courant pour les touristes avec le visa Travail Vacances de prendre des jobs, et de vivre en hostel — en effet, ca revient à 450-600€/mois, et on est dans une communauté de gens similaires! Car un hostel, au dela des dortoirs, c’est surtout de gros espaces communs très sympas, avec cuisine, télé, et parfois même billard, DVDs, salle de gym...

Je suis arrivé fin Septembre, mais j’ai prévu de commencer le Te Araroa que fin Octobre : j’ai un mois devant moi pour explorer Auckland, mais aussi travailler — je suis informaticien et ai du travail à distance à faire. Je descends donc découvrir Auckland : une ville hérissée de tours au centre, mais qui va très vite aux maisons avec jardin lorsqu’on s’éloigne. L’ambiance est décontractée, je profite des musées. La semaine, je prends la bibliothèque d’Auckland comme lieu pour travailler, et j’annexe le parc du musée d’Auckland pour faire mon footing. Je prends mon entrainement au sérieux, je cours deux à trois fois par semaine sur une dizaine de kilomètres.

Le mois passe très rapidement, et me voici sur le départ. Je prends le bus direction plein nord sur plusieurs heures. Je passe par de nombreuses villes et villages, et je commence à me poser des questions : à quel point le Te Araroa va t’il réussir à contourner tout ca? Le bus arrive à Kaitaia, où je vais passer la nuit. On est presque tout au Nord, et la ville est fantôme : de très nombreux magasins sont fermés, et la circulation est quasi inexistante sur des longues et larges avenues du centre. J’ai du mal à trouver un magasin pour récuperer des provisions de dernière minute, et je rejoins mon hostel.

Le lendemain, j’ai booké un bus touristique pour aller à Cap Reinga, la pointe Nord de la Nouvelle Zélande. Allez savoir pourquoi, ce lieu est hyper touristique, car on peut voir des tourbillons du fait de la rencontre entre deux océans. Et imaginez donc la situation, un bus rempli de touristes en tongues avec gros appareils photos, et moi en équipement marche à pieds, gros sac à dos et batons :) Je sors du bus, prends le temps de prendre une preuve de mon passage en photo, et je m’engage sur la première épreuve du Te Araroa … la Ninety Mile Beach!

La 90 Miles Beach

Il est souvent dit que si on arrive à Kerikeri (~200km après le départ), alors on a de bonne chance de pouvoir finir le Te Araroa. En effet, il y a un double challenge, le challenge psychologique, et le challenge physique. Car en effet! Le Te Araroa commence avec la 90 Miles Beach, une plage d’une centaine de kilomètres (qui ne fait pas 90 miles, allez savoir!). Facile me direz vous? Commencons par le début.

Imaginez d’immenses plages normandes : plates, avec l’eau se retirant loin des dunes. Au loin, vous ne voyez pas le bout de la plage. Derrière vous, vous voyez Cap Reinga au loin diminuer, puis disparaitre. Soudainement, il n’y a plus de repères : devant se trouve l’infini, et l’arrière est perdu. Je marche deux, trois, quatre, cinq heures. Un bout de récif au loin ne semble jamais vouloir s’approcher. Au fil des heures la mer se rapproche, puis repars à nouveau. Je n’avais jamais observé la marée d’aussi proche, en marchant avec la mer toute la journée. Des oiseaux creusent, attrapent des coquillages, s’envolent et les lachent pour les éclater et les manger. Certains poussent des cris, on rentre sur leur territoire. Quelques rivières vont se jeter dans la mer, et les acrobaties ne m’évitent pas de me tremper les pieds. Le temps avance, le paysage avance et ne change pas. Je commence à fatiguer, depuis combien de temps je marche? Huit heures déjà! Derrière une dune, je repère un camping abandonné. Comment ont ils pu imaginer faire un camping dans cet endroit isolé? Je sors la tente, et m’en vais très vite dormir.

Le lendemain, je me découvre de nouveaux amis : des ampoules! Aucun souci, j’ai tout prévu! Je sors mes super pansements à mettre sur les ampoules. Oui sauf que mais non. Je commence à marcher, ca fait mal. Quelques heures après, je sens une ampoule éclater. Ouch. Je me rends compte que mes pansements ampoules se sont collés à mes chaussettes et me tirent sur la peau. Et impossible à les décoller. Génial.

En fin de matinée, début d’après midi? je remarque une personne loin derrière moi. Bizarrement ca me met la pression. Je continue à avancer, et je vérifie de temps en temps, la personne est toujours la! Les ampoules me ralentissant, je décide de faire une pause et de la laisser passer. Un bon moment après, je me rends compte qu’il s’agit en fait de 2 personnes, et, damn, elles viennent me parler! Et oui, je commencais à apprécier ma solitude… Et il s’agit en fait d’une Kiwi (habitante de la Nouvelle Zélande), Rebecca, démarrant aussi le Te Araroa comme moi, et sa mère l’accompagnant sur le début du chemin! Je décide alors d’aller marcher avec eux. J’apprend qu’elle habite pas loin dans l’ile du Nord vers Whangarei, et qu’elle fait entre autre la course pour lever de l’argent pour Oxfam. Et je découvre l’hospitalité Kiwi avec, en fin de journée, son père qui nous rejoint en 4×4 et qui nous offre des bières fraiches! On est alors arrivé à une petite auberge totalement isolée sur la plage, accessible seulement en 4×4. Je découvre alors un couple d’Européens, Eek et PJ, faisant aussi le Te Araroa! J’aurais aussi rencontré la toute première nuit deux autres Te-araroriens, Serina et Philip, du Canada et Etats-Unis.

Je commence sérieusement à avoir les muscles qui picotent, mais je décide le lendemain de partir très tôt avant tout le monde. J’aime ma solitude et je suis pas encore prêts à marcher avec des gens… Et la journée s’annonce difficile. Le vent est fort, le ciel sombre. Il reste que 30 kilomètres avant Ahipara, le tout premier village sur le chemin, et j’ai hate de voir la fin de la plage. Et à peine la marche entamée, que la pluie commence, et n’en finit pas… Rapidement trempé, j’avance la tête baissée, et mon panorama se résume au sol sur 2 mètres. Parfois, la mer se jette sur moi et je m’en rends compte trop tard. Je regarde régulièrement l’heure, et je calcule. 4 heures déja, allez, je fais bien du 7 km/h, donc je suis quasiment arrivé! 5 heures? Ok je dois faire du 6 km/h en fait… Quel noob j’étais à l’époque, je ne connaissais pas encore ma vitesse! Et la plage n’en finissait toujours pas, sous cette pluie et ces bourrasques de vent… Brusquement, quelqu’un m’appelle! Il s’agit de Graham, un Kiwi faisant aussi le Te Araroa! On parle tant bien que mal sous la pluie, et on se concentre sur la marche… Et finalement on découvre dans le brouillard une montagne au loin qui annonce Ahipara! Bon, sauf qu’elle n’avance pas! Encore une bonne heure, et on arrive, épuisés, au camping du village. Au comptoir, devant la personne nous accueillant, j’enlève mon sac, et je commence à tomber dans les pommes. Je m’assoie, et je me ressaisis.

Graham décide alors de prendre un day off pour récuperer. Je repère à nouveau dans le camping une autre personne faisant le Te Araroa, juste en remarquant les cartes qu’ils utilise. Encore une personne! Je commence à moins apprécier de rencontrer d’autres marcheurs, et je décide de repartir le lendemain direct, sans pause.

Je ne le savais pas encore, mais les personnes que j’ai rencontré sur ces 3 premiers jours (Rebecca, Serina, Graham, Eek & PJ, Philip) seront les personnes avec lesquelles je voyagerais la plupart des 150 jours suivants. Bizarre comment tout peut se décider sur les rencontres des premiers jours…

Les forêts Herekino, Raetea, Puketi

Mes réserves de nourriture arrivant sur leur fin, je vais sur la superette du village — très petite en effet! La plupart des autres ont préférés faire du stop pour aller à Kaitaia pour faire leurs courses, mais je préfère ne pas faire de coupure et de faire avec ce magasin. J’achète un pack de 10 nouilles instantanés, quelques barres de céréales, et c’est parti! Kerikeri est la prochaine étape, et il y a plusieurs jours et plusieurs forêts entre.

Je fais mes premiers kilomètres sur des routes de bitume, et j’entre dans la première foret, Herekino. Je découvre une forêt de type tropicale, pleine d’arbre-fougères, et très humide. La pluie du jour précédent se fait sentir, le chemin est très boueux. Ca grimpe pas mal, et ca devient vite très dense. Je découvre alors les triangles oranges, ces signes en plastiques plantés sur les arbres, dont leur découverte me soulagera maintes fois dans les 5 mois à venir. Car le triangle orange, c’est souvent votre unique repère. Quand vous traversez une forêt dense et que le chemin n’est plus clair, quand vous traversez une grosse rivière, quand vous marchez sur une plaine sans fin sans aucun tracé de chemin, c’est votre seule repère. Mais mais, le GPS, me diriez vous! Oui effectivement, mais pas toujours. Quand il pleut dans un bon brouillard et que vous avez froid, et que le tracé GPS est correct à une cinquantaine de mètres près, on préfère largement marcher qu’attendre le fix GPS pour une position pas toujours parfaite. Il m’est déjà arriver de tourner pendant une demi-heure dans une forêt dense autour du lieu d’un refuge marqué sur le GPS sans le voir…

Le chemin commence à monter raide, et je sens mes mollets. Ca glisse, et mes pieds sont deux amas de boue. De nombreux arbres tombés sont sur le chemin, et la densité de la foret donne un aspect lugubre. Brusquement, les triangles oranges disparaissent. J’ai un doute, je fais demi tour, je recommence, pourtant tout à l’air bon. J’allume le GPS de mon portable, je suis bien pourtant sur le tracé. Me suis je déja perdu? Je continue quelques centaines de mètres, et ils réapparaissent! Diantre! Ok donc en plus ils ne sont pas réguliers!

Le jour d’après, je descends, et j’arrive sur une rivière dans une étroite vallée, avec pas de possibilité de marcher sur les rives. La le chemin n’est plus clair, je relis bien la carte et les notes : oui oui, le chemin est la rivière elle même! Je marche donc pendant un bon kilomètre dans la rivière… Bizarrement j’ai particulièrement kiffé ce passage — ca doit être mes gènes de grand gamin aimant patauger dans l’eau qui ressortent! La rivière est froide et arrive au niveau des genoux, et brusquement la rivière se jette dans une rivière bien plus massive, dizaine de mètres de large, où je n’ai clairement pas pied. Je vois un gros signe orange en face. Ok, donc bon, ok c’est bien la que je dois aller. Donc il faut vraiment que je traverse ca… Alors que je me prépare psychologiquement à traverser cette rivière avec mon sac à dos que je pousserais en nageant, je remarque sur ma gauche une grosse flèche orange qui fait un détour sur la rive pour rejoindre un passage où on à pied. Comment j’ai pu rater ca! N’empeche, en y repensant, ca m’aurait bien fait marrer de traverser à la nage!

« Siddling »! J’ai appris à avoir peur de ce mot dans les notes de chemin. Et c’est quelques kilomètres de siddling qui m’attendaient… En gros, « siddling » est l’action de marcher sur un terrain incliné sur le côté. Le cas général est de marcher le long d’une rivière qui est dans une vallée très étroite : le terrain est très pentu, et quand la forêt est dense, le chemin remonte et redescend latéralement sans cesse pour éviter des arbres. On finit donc par pas mal monter/descendre dans le vent pour n’avancer que très lentement le long de la rivière. Gah!

Et je sors enfin de la forêt… J’ai déja fait 28 kilomètres, il est déja 18 heures, et je suis pas mal fatigué. Je regarde la suite du chemin : 15 kilomètres de routes publiques avant de re-rentrer dans une forêt. Autrement dit, soit je campe maintenant, soit je campe dans 15 km. Allez savoir, peut-être l’euphorie du passage de cette première forêt m’a donné des ailes, car je décide de rejoindre la forêt suivante pour dormir! Erreur qui me fera mal… Car a peine 5 kilomètres passé que je commence à régulierement vérifier la carte, et non j’ai toujours à peine avancé… Et la je repère sur la route des bornes aléatoirement placées, marquant des canalisations, ponts, …, avec indiqué à la dizaine de mètres près le kilométrage actuel. Bam coup de bambou, je passe mon temps à regarder les kilométrages et voit les centaines de mètres passer tellement lentement… Et il me reste encore 10 kilomètres… Au final je sais maintenant que je marche sur terrain optimal à 4-4.5 km/h. Ce qui correspond ici à 4 heures. Le soleil se couche donc, je sors la lampe frontale. Je commence à avoir très soif et attend avec impatience l’eau que je trouverais au camping. Il est environ 10 heures quand je rentre enfin dans la forêt. Je suis tellement mort. Je cherche le camping indiqué sur la carte, mais il fait tellement noir que je vois rien. A un moment, je vérifie le GPS : j’ai dépassé le camping!! Damn, je fais demi tour. Au point indiqué sur le GPS, j’arrive sur une micro entrée invisible dans les bois. Yes!! Je rentre, je marche un moment, et je m’enfonce alors bien les pieds dans un gros marécage. Merde! Demi tour. Je comprends rien, y a rien! Marre, je pose mon sac et effectue la montée de tente la plus lente que j’aurais fait du Te Araroa. Je m’autorise double dose de barres de céréales et je m’écroule dans mon sac de couchage, assoifé. Je me réveille le lendemain dans une zone d’herbe un peu dégagée. Je découvre le marécage sur ma droite. Mais à part ca, rien du tout! Qu’est ce que c’est que ce camping?? Et la, je découvre pas loin, camouflé derrière des arbres et sous de la mousse verte, un très vieux conteneur en béton contenant… de l’eau! Voici l’eau promise! Bon je la filtre quand même au cas ou, mais j’ai jamais autant apprécié une gorgée d’eau! Cette épisode m’aura en tout cas appris mes limites : 42 km, c’est trop. Depuis ce jour, je n’ai jamais dépassé 30 km la journée.

Ceci était le point d’eau promis sur la carte. Et bien rempli!

Et je sors finalement de la troisième forêt, épuisé. Mon régime nouille instantané et barres de céréales n’est pas assez, il faut que je complète ca! Je marche à présent sur des routes de gravier, très populaires en Nouvelle Zélande, pour les routes à très faible traffic. Et je fais ma première connaissance du monde rural Néo-Zélandais : des éleveurs menant des moutons de prés en prés, des champs, et encore et surtout des moutons! Le chemin nous emmène au milieu d’un champ, puis nous fait traverser des clotûres pour marcher parmi les moutons. Et enfin, au loin, une « ville », ou plutôt, une zone fortement habitée. Kerikeri!!

Kerikeri, c’est un symbole. Car une fois Kerikeri atteint, 200 kilomètres après le début, il est dit que le rite d’initiation est fait, et que l’on est suffisament armé pour terminer le Te Araroa. 200 km, c’est en moyenne 10 jours. C’est 4 jours de plage, un premier test psychologique dans lequel la fin n’est jamais visible et les ampoules vous rappellent à chaque pas qu’elles sont la. C’est ensuite 6 jours de forêt, un test physique, avec des montées raides dans la boue, du « siddling », et un chemin pas toujours clair. Le tout avec un seul point ravitaillement et douche (Ahipara), et tout en tente. Seule une personne que j’ai rencontré n’arrivera pas à finir (je ne l’ai en tout cas jamais revu), mais je reverrais tous les autres que j’ai nommé plus haut par la suite.

En route vers Auckland

Les cartes du Te Araroa sont vraiment top! En plus de nous indiquer le chemin assez clairement sur une centaine de page en PDF que l’on imprime au fur et a mesure, elles nous indiquent les lieux où dormir : aussi bien les camping ou refuges en forêt, que les hostels en ville et village. Et c’est donc dans un hostel désigné sur la carte que je vais dormir à Kerikeri. Et je découvre un tout autre type d’hostel : autant à Auckland ils sont plein à craquer (généralement une ou plusieurs centaines de places, dans l’ensemble rempli), autant en campagne c’est plutot vide et familial! Mon hostel doit faire une trentaine de lits, pour une dizaine de personnes. Je semble être la seule personne du Te Araroa ce jour la.

Pas de pause, je reprends la route. Et j’entre dans une partie relativement peuplée et peu sauvage : la côte Est au nord d’Auckland. Il s’agit d’un mix d’exploitations forestières, de routes de gravats, de plages, de champs de moutons à traverser, de petites forêts, et malheureusement de la route de bitume. Je découvre une Nouvelle Zélande très campagnarde, avec des routes très peu utilisées, des maisons avec vastes terrains, et des tout petits villages. Pour donner une idée de l’isolation de ces maisons, j’ai croisé plusieurs camions citernes livrant à des maisons de … l’eau potable!

Quelques jours après Kerikeri, je recroise Rebecca et Graham, et après plusieurs séparations et recroisements, je reste pour de bon avec eux sur le trajet jusqu’à Auckland. Etant assez indépendant, je me rappelle qu’une de mes craintes étaient ces gens que je croiserais : et si jamais je me retrouvais avec des gens que j’aimais pas : diantre, on passerait 5 mois à se croiser et à faire le même chemin! C’est evidemment une de ces craintes qui se dissipent bien vite une fois sur place…

Les jours s’enchainent, et nous commencons à gagner du level : on apprend à gérer ses pieds et ses ampoules, on vide le superflu de son sac à dos, on estime mieux les distances,… Les jours commencent à s’accélérer, et on est déjà quasiment arrivé à Auckland, à 600 km du début! Soit déja un mois. J’ai plusieurs histoires sur le chemin :

Une journée, nous marchons sur une plage sous un temps froid, et la pluie n’est pas loin. Mais le prospect du camping proche et de sa douche nous réchauffe, et nous avancons vite. Et à juste une centaine de mètres du camping, nous sommes bloqués par une rivière profondre se jetant dans la mer. On tente de traverser, mais rien à faire, trop profond! On lit les notes de la carte, et oui, rien à faire qu’a attendre la baisse de la marée pour passer! Pas prévu ca! On regarde l’heure… Ok, « juste » deux heures à attendre. On ne bouge plus et refroidissons, et la pluie commence à tomber… Gah! Et on voit juste de l’autre coté le camping et le bloc de douches chaudes! Les dizaines de minutes passent, et on tente régulièrement de trouver un passage dans la rivière opaque où on a pied, en remontant assez loin la rivière. On trouvera un passage qu’une bonne heure après...

On se fait plaisir… pieds nus!

Une autre journée, surprise sur la carte : alors que le tracé du chemin sur la carte se fait avec un trait rouge, une section est aujourd’hui en bleu, et remonte l’embouchure d’un fleuve. Nous lisons les notes de la carte : il s’agit de louer un Kayak pour faire cette section de quelques kilomètres! Sympa! Nous nous présentons donc au magasin de Kayak et louons pour ce trajet. Dans tout le Te Araroa, il n’y aura au final que 4 sections necessitant de payer un prestataire pour effecturer une partie du trajet : ce trajet en Kayak de quelques kilometres, un trajet en Canoe de 200km, et deux trajet en bateau-taxi de quelques kilometres.

Un de ces détours est l’embouchure à coté de Whangarei. Il s’agit d’un gros détour par la route, et il est recommendé de chercher un bateau taxi. Pour ma part, les parents de Rebecca nous proposent de nous transporter en voiture! Et encore mieux, ils nous proposent de passer une nuit dans leur maison, avec piscine! Graham et moi acceptons avec plaisir. Après avoir passé une vingtaine de jours en tente, et en étant de manière générale sale et puant, cela faisait bizarre de se retrouver dans une grande maison bien entretenue et je n’osais rien toucher! Le petit tour en piscine fit grand plaisir, ainsi que des glaces! Ca change des nouilles et barres de céréales!

Dernière histoire notable avant Auckland : la traversée de la rivière juste avant Auckland. Fort de notre expérience, nous lisons maintenant avec attention les notes de la carte, et apprenons qu’il faut passer cette rivière en marée basse, et au troisieme poteau ancré dans la rivière. Je m’engage dans la rivière, et l’eau me monte aux genous, aux hanches… J’indique bien qu’il y a zéro courant dans cette rivière (il faut savoir qu’une rivière avec un bon courant peut vous renverser en arrivant à vos genoux!). Mon sac toujours bien détaché, je sonde avec mes pieds, et je continue à m’enfoncer. L’eau m’arrive mi-torse, puis finalement au menton! Mais ca passe, et je ressors de l’autre coté, bien trempé. Heureusement, mon sac est hermétique (un sac impermebable contenant de multiples pochettes impermeables, qui elles memes ont d’autres pochettes impermeables). Mais damn! Je réalise trop tard que j’ai oublié de ranger mon appareil photo dans ma poche…. Un achat à faire à Auckland!

Un reveil qui fait plaisir!

Auckland

Après déjà un mois et 600 kilomètres, il est un peu surnaturel de se retrouver en grande ville. On est en tenue de combat complète, avec batons de marches, sac à dos et vêtements techniques ayant bien morflés, tachés de boue et de sandflies ecrasés, le visage fatigué par ce périple, et on croise des gens en costume venant de sortir du bus pour aller bosser. Assez drôle! Mais le Te Araroa, que nous suivons scrupuleusement, nous fait passer en plein centre d'Auckland, donc nous ne faisons que suivre les directives venues d'au dessus!

Comme prévu initialement avec un client pour lequel je travaille de temps en temps, je stoppe une semaine à Auckland pour bosser. La encore, transition abrupte : la veille je marchais, le lendemain je codais sur mon PC que je m'étais auto-envoyé par la poste en poste restante.

De la boue plein les chaussures!

Trivia : "C'est un minimum quand même!"

Quand nous sommes étudiants, tout nous va. Nous vivons en colloc à plusieurs, roulons des voitures préhistoriques (ah, ma 4L!), mangeons des pâtes, et vivons avec peu de moyens. En même temps, on a pas le choix. Mais après cela, le premier boulot arrive, et on a enfin des sous!! On s'upgrade. Un appart pour soi, une voiture un minimum bien, un ordinateur qui ne swappe pas a peine 2 trucs ouvert, ... Quel bonheur!

Mais un bonheur très court. A peine obtient t'on une nouvelle promotion, un nouvel ordinateur, que nous nous y habituons déjà après quelques jours. Quand on pense à toutes ces heures à pester sur l'ancien ordinateur trop lent, on devrait être dans un état d'extase rien qu'en y repensant... mais non, on s'y habitue.

Car cela devient la base! Le nouvel ordinateur surpuissant acheté, le nouvel appart plus grand, le nouveau poste et salaire, devient le minimum. Et pour nos prochains objectifs, on ne sera satisfait que si c'est mieux que ce minimum.

Et c'est un cycle infini. Une fois le bonheur d'une upgrade récente passée, on repasse en état normal, et on recherche encore à s'upgrader, pour encore ressentir ce bonheur temporaire. Tel un accro.

Le pire dans tout ca, c'est qu'on y perd de la liberté au fur et à mesure. Car l'Audi va être chère à entretenir, car le nouveau poste à responsabilité va demander plus d'heures de travail, car le jardin de la maison acheté va nécessiter d'être entretenu, car il faut payer la taxe foncière, car il faut entretenir la piscine et prendre RDV, car il faut rembourser les emprunts...

Le temps est notre ressource de base, et tous ces éléments en mangent, de manière directe et indirecte (les emprunts et autres voitures demandent de l'argent, qui n'est obtenu qu'a partir de temps investi dans un travail).

Et donc nous finissons avec toujours moins de temps libre, et donc toujours moins de liberté, tout cela pour temporairement avoir notre fix de bonheur.

Rien de tel qu’une bonne pluie pour démarrer la journée!

Réductions des minimaux

Le Te Araroa nous permet de nous rendre compte de cela en nous forcant assez violament la réduction de certains minimaux, et en réalisant que c'est faisable.

Prenons la technologie : je n'ai plus qu'un smartphone, et du réseau à basse vitesse de manière très aléatoire. En tant que geek, ca m'a bien fait chier. Mais je m'y suis habitué. La nourriture? Bon j'ai jamais été fin gourmet, mais je pensais pas pouvoir accepter le fait de manger uniquement 2 marques de nouilles instantanées en plat principal pendant 5 mois. Allais-je mourir d'ennui avec toutes ces heures de marche? Finalement pas. Vivre avec un seul change de vetement, et ne pouvoir se doucher que toutes les semaines (Ile du Sud) ? C'était pas inimaginable pour moi, mais l'a été pour certains.

A la fin du Te Araroa, nous nous découvrons avec des minimums fortement réduits, et nous réalisons que notre bonheur général est similaire par rapport à avant.

Une upgrade nous permet d'avoir un fix de bonheur temporaire, puis nous revenons à l'état normal. Nous découvrons ici qu'un downgrade fait (bien) chier sur le moment, mais que la aussi, on s'y habitue. Et le fait de réaliser ca permet de remettre pas mal de choses en perspective.

En route vers Tongariro!

La semaine de travail faite, me voici reparti! Seul à nouveau, car les autres ne m'ont bien entendu pas attendu. Sortir d'Auckland par la banlieue fait toujours aussi bizarre, je longe une usine de traitement des eaux, traverse une zone industrielle, passe sous une autoroute, longe l'autoroute sur plusieurs km... Je découvre que la zone est assez peuplée!

A ce stade, il est assez facile de visualiser le Te Araroa à distance : dès qu'il y a une grosse colline au loin, on est sur d'y monter et redescendre! En effet, tout le reste n'est que fermes et petites routes, et je passerais pas mal de temps à marcher sur des routes de bitumes, parsemé de sections dans des prés.

A Hamilton, ville un peu au Sud, je croise Philip qui s'est fait mal à la cheville et s'arrête pour un moment. Encore un rappel s'il le fallait, que le poids du sac est absolument à minimiser pour éviter des problèmes avec ses pieds. Mon poids de base, c'est à dire tout, sac compris, sauf eau et nourriture, est de 8kg ; j'aurais la chance de ne pas avoir de problèmes durant le Te Araroa.

La premère hut!

La première "hut"

Oh yeah!

Après un petit moment à me repérer, je la trouve, la premère "hut"! Les huts, c'est un truc méga-top en NZ! Ce sont des refuges, 98% non gardés et libre d'accès pour la modique somme de 60 dollars pour 6 mois! Et il y en a partout dans l'Ile du Sud, mais bien moins sur l'Ile du Nord. Elles ont :

  • Généralement 6 - 8 places avec matelas durs, mais il y en a des micros à 2 places, et des monstres à 50 places!
  • Parfois Souvent des colocataires permanants de type souris
  • Souvent mais pas toujours un réchaud à bois. Top quand on est gelé trempé!
  • Une cuve à eau récoltant l'eau de pluie, très souvent remplie
  • Une toilette déportée de type "long drop" (vous faites caca dans un trou sans fond)

Le logbook d'une hut

Une des features majeures des huts, la chose qu'on fait en tout premier en arrivant... On prend le logbook!

Le logbook, c'est un livre que chaque hut possède : chaque visiteur y note son passage, ses intentions, et ses observations. Son usage primaire est bien entendu pour la sécurité, pour pouvoir tracer le passage de gens et orienter les recherches.

Mais il sert aussi à se laisser des messages entre nous! Pratique quand des amis ont quelques jours d'avance et veulent nous indiquer leur intentions.

Et bien sur, le logbook, c'est la où on va se défouler et y écrire toutes les conneries possibles -- ce qui fait qu'on peut facilement passer un bon quart d'heure à lire les anecdotes ci et la!

Tongariro

Tongariro

J'arrive enfin à la première montagne! C'est un peu une anomalie en plein milieu de l'île du Nord : un grand volcan au milieu d'une zone plate!

Malheureusement, cette anomalie est très très touristique, et je découvre les fameux Great Walks de Nouvelle Zélande. En gros, il y a au total une dizaine de Great Walks dans toute la NZ, qui sont des randonnées de 2-5 jours, et qui sont la où vont tous les touristes. En dehors? Personne, aucun touriste! Mais la, c'est la foire! Et les huts sur ces Great Walks sont gardées, et à reserver 2 mois à l'avance etc... Je discute avec la gardienne d'une de ces huts, qui me dit qu'un touriste s'est encore fait une entorse et un hélicoptère arrive. Bref, je me crois à la côte d'Azur.

Sur le lieux en lui même, effectivement, il est superbe! Les lacs bleu turquoises, les vapeurs de souffres, le grand volcan... Mais sans les gens, ca serait mieux! D'ailleurs en parlant de gens, qui vois-je? Ah mes amis Te-Araroriens d'avant Auckland!

200 km de canoe sur la Whanganui river

200km de canoe sur la Whanganui river

Juste après le Tongariro arrive une partie que j'attendais avec impatience... Une section de plus de 200km en canoe!

Pour cela, il faut louer un canoe a une des companies à Taumarunui, et j'ai la chance avoir la kiwi Rebecca qui a organisé la réservation pour moi, 2 autres Te-Arariens, et d'autres amis de passage venant nous rejoindre sur cette section. On se retrouve à 9, 4 canoe de 2 et 1 kayak! Et, gros luxe, puisque nous sommes en bateau, nous allons pouvoir transporter beaucoup de choses, et nous nous faisons plaisir au magsin de Taumarunui : Packs de bières, fruits, bonbons et marshmallows, bref tout ce que nous avons été privé depuis presque 2 mois!

La partie initiale de la rivière Whanganui est fun! Beaucoup de rapides, du challenge, et nous finirons par chacun renverser notre canoe au moins une fois. J'étais le dernier survivant, j'y ai cru, mais hop non, je suis passé à la casserole! Sur la partie du milieu, le courant se calme, et la rivière traverse de massif canyons végétaux avec des chutes d'eau : superbe!

Les soirs, nous nous arrêtons à des huts le long de la rivière : nous nous amarrons et remontons tous nos vivres. Et enfin, après des heures à ramer avec nos pagaies, on peut s'étendre, une bière à la main. Et nous passerons ainsi la Saint-Sylvestre dans une hut le long de la rivière, à repenser à tout le chemin déjà fait.

La partie finale de la rivière est difficile. Plus aucun courant, tout doit se faire à la pagaie. En 2 mois, nous avons eu le temps de développer nos musles des jambes, mais pas ceux des bras! Le derniere jour est dur, le vent est de face, mais nous arrivons enfin à Wanganui.

Une ampoule bien découpée

Beaucoup de route...

Une journée de pause à Wanganui, et nous sommes reparti! La partie Wanganui - Palmerston-North est particulièrement routière, et les organisateurs du Te Araroa ont tout fait pour nous changer des routes, mais malheureusement difficile à éviter... Nous traversons ainsi Bulls, ville qui sait se moquer d'elle même, et Fieldings, "the most beautiful town of NZ" (ah ouais??). Avec cela, les journées commencent à être chaude -- on est en Janvier, en été donc -- et on essaie de partir le plus tôt possible, 6-8h du matin, pour arriver a 13-15h.

Et en parlant de ca, parlons ampoules. C'était donc la cata pour moi au tout début, jusqu'a qu'on me conseille d'utiliser... de la vaseline! Et en effet, ca marche parfait! Juste un peu de vaseline le matin sur les pieds la où les ampoules apparaissent normalement, et je n'ai plus eu aucun souci. Enfin, sauf après la partie Canoe où j'ai oublié mon habitude! En cas d'ampoule, continuer à mettre de la vaseline : il faut esperer que l'ampoule va se dégonfler naturellement sans percer, et secher. Si jamais l'ampoule perce, je recommende de couper rapidement la peau : en effet, si on ne coupe pas, par effet de l'air/des liquides qui rentre par le trou et par pression en marchant, l'ampoule va grossir par l'arrière pendant plusieurs jours. Croyez en mon expérience et mon ampoule qui me fit tout l'avant du pied! Celle ci dessus sur la photo est une ampoule "clean", bien découpée et qui n'empirera pas les jours suivants.

Les Tararuas

Le premier massif : Les Tararuas!

Enfin, après cette section route difficile, la récompense : notre premier massif et première section d'une semaine en autonomie depuis la partie du début plage-Kerikeri! Il faut savoir que l'île du Nord est assez plate, et mis à part Tongariro et son unique montagne, 300 mètres était le dénivellé classique et 500+ mètres était exceptionnel. Pour la première fois, nous allions avoir du dénivellé un peu plus sérieux!

Nous traversons donc tout le massif des Tararuas qui part de Palmerston North, et qui finit quasiment à Wellington, tout en bas de l'île du Nord. On y est presque! Nous fêtons d'ailleurs le kilomètre 1500, milieu symbolique du Te Araroa : déjà 2 mois et demi que nous sommes sur le trail!

Le chemin sur les Tararuas sera fort plaisant, nous longerons la plupart du temps des crêtes sur des montagnes peu boisées, et nous ne croiserons quasi-personne. Le chemin monte et descent brusquement, et nos muscles des jambes travaillent. C'est à partir de là je crois que je commence à obtenir mon surnom de "Flying Frenchman", puisque je trace tout le monde sur les montées ;-)

En fin de massif, nous faisons une descende raide de plus de 1000 mètres qui n'en finissait pas, et nous terminons par une journée dans la forêt. Un Te Ararorien se perdra dans cette forêt pendant plusieurs jours et sera secouru : l'occasion d'un petit rappel sur le repérage sur le Te Araroa.

Un marqueur orange dans la forêt

Point pratique : le repérage

Le chemin du Te Araroa est indiqué par des flèches oranges, tel que vous pouvez voir sur la photo, ou bien des batons orange quand il n'y a pas de végétation.

En support, vous avez des cartes, disponible sur le site du Te Araroa, indispensable et très bien foutues. Vous avez aussi des "notes de carte" séparées, disponible sur le site du Te Araroa. Ces 2 éléments sont indispensables : les cartes pour une raison évidente, et les notes pour préciser des points important (par exemple, "Cette rivière n'est traversable qu'à partir du 3ème poteau en bois, où vous aurez pied", ou bien "Cette rivière n'est traversable qu'a marée basse").

Avec cela, je recommende fortement d'avoir un GPS. Pas besoin forcement d'un truc de malade, un GPS de smartphone peut suffire. Celui ci aidera en cas de doute.

En effet, il arrive parfois de ne pas trouver la flèche orange suivante. Parfois c'est sans gravité, car le chemin est évident (e.g. on suit une rivière majeure), mais parfois, surtout en forêt, il vaut mieux éviter de se perdre. Dans l'ensemble, mon opinion est qu'il est difficile de se perdre vraiment. Les rares histoires de gens perdus, dont la personne mentionnée plus haut, sont des histoires de négligence grossière (l'histoire voudrait que le gars sur de lui soit parti sans carte).

Wellington

Wellington - récap sur l'île du Nord

Quelques jours plus tard, nous voici arrivé à Wellington, capitale du pays et seconde ville majeure que nous croisons. Nous sommes puants, nos chaussures sont défoncés, nos vetements troués, et le contraste est encore plus grand qu'à Auckland, où nous croiserons, tel des sans abris, des gens en costumes allant au travail dans leur grandes tours en verre.

Même deal qu'à Auckland pour moi, je reste travailler une semaine pour un client en France, et malheureusement tous mes amis Te Araroriens s'en vont continuer le chemin sur l'île du Sud.

A ce stade, j'ai fait plus de la moitié du Te Araora, avec une grosse diversité de chemin sur : plage, chemin de terre, route à fort traffic, autoroute, route de campagne, champs, prés avec moutons, forêt, montagne, rivières. Le tout passant dans des zones : Urbaines, petits villages, villes moyennes, parc naturels, zone touristiques. J'ai beaucoup apprécié car même si ce n'est pas ce que viennent habituellement voir les gens (the most beautiful waterfall|volcano|hobbit-village|...), j'ai clairement visité le coeur de la Nouvelle Zélande "normale" avec ses moutons, petits villages et sa vie normale.

Et après avoir fait l'île du Sud, je peux comprendre que beaucoup de gens ne font que l'île Sud du Te Araroa : il y a moins de route, les paysages et l'environnement est bien plus superbe, et il y a bien plus d'opportunité de faire des photos cools à poster sur les réseaux sociaux. Après, si votre but est aussi de découvrir la Nouvelle Zélande, sauter l'île du Nord serait un gros gachis.

Les barbes des Te Araroriens

Trivia : Les barbes de Te Araroriens

Ce qui est très drôle, c'est que vous repérez un Te Ararorien au premier coup d'oeil! Un gros sac et des batons? C'est déjà sur à 90%! Rapprochez vous de lui... commencez vous à le sentir à plus de 2 mètres? Ses vetements sont ils tachés de boue? Ses chaussures sont t'elles défoncées? C'est bon c'est sur!

Mais comment le savoir si, pas de bol, vous croisez un Te Ararorien qui vient de faire sa douche mensuelle et qui est en maillot de bain dans un bain chaud? (Mis à part le fait qu'il utilise probablement un calecon comme maillot?) Regardez sa barbe! Source de fierté, tous les Te Araroriens la laisseront pousser (pour les gars seulement bien sur...) et sera un badge indiquant depuis combien de temps il est "on the trail".

Bon après ca rend plus ou moins bien sur les gens, et pour mon cas ca faisait assez "fouilli" ;-)

Point pratique : le nombre de marcheurs

Vous aimez marcher, mais vous aimez ne pas vous sentir dans un troupeau, comme sur le chemin de Compostelle? Le Te Araroa est fait pour vous!

Sur le trajet, j'aurais au final marché seul sans croiser personne pendant 1/4 du chemin. J'aurais marché le reste du temps avec essentiellement une autre personne croisée, et parfois dans un groupe de 3 à 6 personnes. J'ai croisé au total environ 20 Te Araroriens différents marchant dans le même sens que moi. En résumé, très peu de monde, et pour moi un très bon chiffre : la possibilité d'être seul une partie du chemin et d'avoir des huts pour soi, et parfois un compagnon de marche.

Attention, ces chiffres sont valable pour 2014/2015! Certaines marches longue distance ont connu un gros gain de popularité récemment, par exemple le Pacific Crest Trail, à cause (et je dis bien, "à cause") d'un film plutot nul où une nana retrouve la voie en faisait ce trail. Sur ce trail, on parle maintenant de 50 personnes partant chaque jour du point de départ!! A titre de comparaison, j'estime pour le Te Araroa 2014/2015 le départ de 3 personnes par jour, avec un total de 200 personnes.

Traversée de rivière ardue

L'île du Sud : Marlborough sounds && Mount Richmond forest park

Petite croisière en bateau pour arriver à l'île du Sud, suivi d'un bateau navette pour aller le plus haut possible sur l'île du Sud, et on est reparti! Il fait maintenant très chaud -- en tout cas chaud pour marcher au soleil, avec 28 degrés, et je marche de plus en plus tôt le matin.

Après les Marlborough sounds, et un peu de route, commence la première grosse aventure à travers la NZ sauvage : le Mount Richmond forest park! Il s'agira d'une dizaine de jours en autonomie complète dans une forêt dense, le tout ponctué de huts. L'eau des rivières est extraordinairement claire, et je commence à ne plus forcément filtrer mon eau.

Un soir dans la hut, alors qu'il fait encore jour, nous commencons à déballer nos affaires, quand nous entendons des petits bruits... Des souris! Bon, des souris, ca n'a rien de nouveau, mais des souris qui n'attendent pas la nuit et semblent ne pas avoir peur de nous, si! On se met au défi d'en attraper une, avec un piège fait maison... On prend une casserole qui se trouvait dans la hut, un bout de ficelle au bout duquel on met du beurre de cacahuète, accroché à un bout de bois, et on attend... Mais quoiqu'on ait pu faire, la souris a toujours réussi à atteindre le fond de la casserole et le beurre, sans sauter dedans! Damn! En tout cas on s'est bien marré a essayer...

On rencontrera aussi un bébé opossum au pied d'une hut -- il faut savoir que les opossum sont considéré comme animaux particulièrement nuisible en NZ, contrairement à l'Australie. On en rencontrera ainsi d'autres, mais prisonniers de pièges...

Les jours s'enchainent de huts en huts, et on se sent vraiment à présent dans la Nouvelle Zélande sauvage et isolée...

En lisant les logbooks, on apprend que à Saint-Arnaud, notre prochaine étape civilisée, il y a un méga buffet le Dimanche... et nous sommes en route pour y arriver un Dimanche! Cela nous motive à pousser et peu, et nous arrivons dans cet énorme village, population 450 habitants... D'où est ce qu'il peut y avoir un méga buffet?? Et donc découvrons un resto grand luxe en effet, pour les touristes de passage, car ce village est au bord d'un sympathique lac, le long d'un axe principal.

Imaginez alors une bande de poisseux Te-Araroriens puants débarquant dans ce resto grand luxe... Ahahaha! Et pour couronner le tout, j'ai fait une reconnaissance dans une hut à qq kilomètres ce jour là, du coup j'ai pas pu laver mes chaussettes, donc j'ai pris l'initiative, pour le bien être de tout le monde, de venir sorti de douche pieds nus au restorant... Et le restorateur vient m'engueuler car je suis pieds nus sur sa moquette, sans pouvoir imaginer la cata odorante si j'étais venu avec mes chaussures!

Traversée de rivières

Les rivières Rangitata et Rakaia

Deux obstacles majeurs nous attendent sur cette traversée de l'ile du Sud : les rivières Rangitata et Rakaia. A chaque fois que nous croisons des Te-Araroriens allant dans l'autre sens, nous demandons. Sur les logbooks, nous vérifions. Avez vous pu passer ces rivières??? Car ces rivières sont énormes, avec des dizaines de bras s'entrecoupant, et avec des profondeurs variant sans cesse, avec un fort courant, et leur taille est très dépendantes des précipitations des heures et jours précédents.

Rakaia : Pluie les jours précédents, on décide de ne pas tenter. Et ca signifie donc malheureusement faire du stop pour traverser le pont le plus proche, à une vingtaine de km. Le village où nous sommes, Lake Coleridge, est encore plus petit que Saint-Arnaud -- on va dire une centaine d'habitants? On fait du stop, et on s'amuse à compter les voitures : une toutes les 20 minutes! Nous sommes finalement pris par un fermier nous descendant jusqu'au pont. Re-stop, nous traversons le pont et décidons de faire des courses et dormir dans la ville de Methven juste à coté (LOL -- je découvre sa population en écrivant ces lignes : 1800 habitants -- ma perception des tailles des villages et villes était très distordue à ce moment!). On se renseigne, la route remontant la rivière Rakaia pour rejoindre le Te Araroa est encore plus isolée, le seul moyen est de prendre la navette scolaire ramassant les élèves le matin... Et nous voici le lendemain sur une route de gravier, traversant fermes après fermes, avant de nous retrouver face au trail.

Rangitata : Nous tentons le coup. Le courant est très fort, je dois bien garder mes appuis avec mes deux batons. Je place bien d'abord un baton, puis un pied, puis l'autre, puis le second baton, de manière bien appuyée -- je sens que la moindre boulette n'est pas autorisée. La hauteur de l'eau nous arrive pourtant qu'au plus haut à mi-cuisse, mais quel débit! Rien à voir avec la rivière que j'avais traversé à Auckland, où l'eau m'arrivait au cou, mais zéro débit.

Il y a aussi de la reconnaissance à faire : on traverse un bras de rivière, mais étais ce le bon? Les bras suivant sont ils traversables de ce coté? J'ai lu des histoires où des gars ont cherchés, traversés, rebroussé chemin, recherché à nouveau, pour finalement abandonner qq heures plus tard... Mais pour nous, ca aura été, il a fait sec les jours précédents.

C'est quand même plus pratique la rivière quand on peut!

Une hut

Une succession de huts

Un point assez cool pour l'île du Sud : il n'y a quasiment plus besoin de sortir la tente. Il y a des huts partout! Et pas mal ont une histoire, une architecture différente. On croisera ainsi une hut datant des années 18XX!! Faite en bois, l'intérieur est très spartiarte, et j'ai eu la chance de pouvoir y dormir grâce à un orage... Pas besoin de préciser que depuis ces annnées, les souris s'y sont bien installées!

Nous découvrirons parfois des huts à 2 places! Exigues, quelques mètres carrés à peine, elle font office de huts d'urgence, et après avoir essayé de dormir dans l'une d'entre elle... on surchauffe juste trop vite à l'intérieur!

A l'opposé, on découvrira des huts très récentes, "grand luxe", avec grandes tables, matelas bien organisés, grandes vitres... mais toujours avec l'eau récupérée du toit et les toilettes mode trou séparés à coté.

Nous dormirons aussi dans une hut qui a eu l'honneur d'accueillir la reine d'angleterre... ou était ce une princesse? Je sais plus.

Il nous est arrivé de partager une hut avec des chasseurs. En effet, c'est un bon point de repli pour de la chasse multi-jours... Une autre fois, nous dormirons avec un groupe de militaires qui organise une rando multi-jours pour des jeunes à probèmes, pour leur donner confiance en soi.

Tekapo à Christchurch

La magie du Te Araroa sauvage disparait brusquement à l'arrivée au lac Tekapo. A partir de ce point, nous passons régulièrement dans des gros villages très axés sur le tourisme, sur des routes, à travers des fermes... Il y a toujours des sections sauvages, mais ca n'est plus la même chose.

Avec cela, le Te Araroa nous donne tout le temps pour réfléchir au futur, ce que l'on veut faire... Et dernièrement j'y avais bien réfléchi -- mon plan était (grosso modo) prêt pour l'après Te-Araroa.

Ces deux élements font que je décide d'arrêter le Te Araroa 300km avant la fin, à Christchurch -- j'aurais au final fait 90%, ou 2700km, du Te Araroa. Je pressens qu'un jour je reviendrais faire les derniers 300km!

Le long du chemin de fer

Conclusion

Work in progress! La suite va venir…. (juillet 2017)