La rando du désert volcanique

Islande (2016) - 200km

 

Et c’est reparti! A peine de retour à Paris après le Te Araroa, le Bibbulmun track, et et les activités non-randonnesques qui ont suivi, je planifie une nouvelle grosse rando. Bon, c’est sur qu’après le Te Araroa, tout va sembler petit, mais j’en planifie une de quand même 3 semaines, et je choisis l’Islande comme destination. Et puisque j’ai bien level up en Nouvelle Zélande, je vise haut avec une traversée complète du Nord au Sud de l’Islande, le tout en hors piste total!

Bon au final je n’atteindrais pas entièrement ces objectifs, et je connaitrais quelques revers, mais l’Islande ne m’aura pas du tout déçu!

The video

Et oui, pour la première fois, je me suis tenté au montage vidéo…

L’islande

L’islande est un pays très surprenant et avec une sacrée histoire. Saviez vous qu’il y a quelques siècles, suite à une grosse éruption et la mort du tiers de la population, il a été considéré de complètement évacuer l’Islande ? Les volcans sont partout, et alors que mon avion approche de l’Islande, je crois voir un panache de fumée au dessus d’un volcan depuis mon hublot… L’avion se rapproche de l’aéroport, et je suis frappé par l’absence total de végétation — il n’y a que des rochers à perte de vue! J’apprendrais par la suite que les forêts ne couvrent que 1% de la surface du pays.

Et savez vous quel est le point commun entre Dijon et l’Islande ? La population, d’à peine 300 000 habitants! Akureyri, la seconde ville d’Islande où je décide de partir, fait à peine 17 000 habitants… Moi qui aime bien les zones désertiques et isolées, je suis servi!

Reykjavík – Akureyri

Comme à mon habitude, je me renseigne le moins possible avant d’arriver histoire de ne pas être spoilé. Et surprise, il y a maaaasse de touristes à Reykjavík (note : je copie-paste toujours ce nom). Tellement que des journaux papiers sont édités en anglais juste pour les touristes. Les chiffres : 2.3 millions de touristes en 2016 (pour 0.3 million d’habitants) !! En 2010, ce chiffre était de 0.7 millions de touristes. Clairement, il y a un rush touristique pour l’Islande.

Après un refill de nourriture périssable et de gaz, je prends le bus local (pas le touristique, 2x plus cher) pour Akureyri. Je ne savais pas encore où allaient les touristes, mais c’était clairement pas là — je profile d’un voyage tranquille avec de nombreux magnifiques paysages. Arrivée à Akureyri à 15h, je démarre direct, objectif m’éloigner le plus possible de la ville pour camper.

La vallée d’Akureyri

La partie un peu relou du début — prévue mais relou : une trentaine de kilomètres sur du bitume. Bon, après le Te Araroa, marcher une centaine de km sur de la route ne me fait plus peur, mais si je peux éviter, c’est mieux!

Je descends donc plein Sud, avec comme objectif de traverser l’Islande en 16 jours plein. Je commence avec la vallée au Sud d’Akureyri, une sorte de vallée verte agricole qui s’enfonce au coeur du fameux plateau central volcanique d’Islande. Je passe le premier soir au camping de Hrafnagil, puis je suis cette route avec le traffic diminuant au fur et à mesure. Le goudron donne place à de la terre damée, et enfin, la dernière ferme passée, on passe aux choses sérieuses! La vallée remonte rapidement, et nous arrivons à 1000m d'altitude au plateau central d'Islande.

Le désert volcanique

C'est juste impressionant. Jamais dans tous mes voyages ai je vu un endroit aussi désolé et vide. Vide de personnes, ça j'avais déjà vu (et c'est ce que je recherche!), mais la c'est vide de personnes, végétation, animaux, eau -- rien, que du sable volcanique et des cailloux. Même les rochers sont rares! Et le vent est toujours la, omniprésent, refroidissant... Et parfois la brume, pour compléter le tableau...

Je marche plusieurs heures, suivant pour le moment la piste où je croiserais 2-3 véhicules, et je réalise soudainement que l'eau va être un problème. J'ai bien quelques tracés de rivières sur la carte, mais ils sont systématiquement vides : en effet, d'où peut bien venir l'eau dans ce désert sableux, en dehors des fontes de neige?? Du coup, par sécurité, je reste sur la piste, et j'espère avoir de la chance sur les plus grosses rivières.

L'heure de poser sa tente arrive... ok c'est parti je cherche un abri pour le vent! Ah mais oui j'oubliais il y a rien ici! Ah tiens, que fait ce tas de rochers en bord de piste? Allez ça fera l'affaire, en espérant que le vent ne change pas trop de direction cette nuit!

Et le vent me rappelle que, autant ma tente a un solide 10/10 en poids (1kg!), autant elle a un 2/10 en resistance au vent : la tente s'écrase complètement, et je fini souvent ma face contre la paroi de la tente... Ah le noob a encore à apprendre on dirait!

Le temps aussi est impressionant : il change à une telle vitesse! On peut avoir tous les temps en une journée, mais en majorité un temps gris. Avec chance, j'aurais evité la plupart des pluies, les voyant passer au loin...

Je replie la tente et reprends la marche en direction d'un passage à gué indiqué sur la carte, en espérant de l'eau -- je commence à ne plus en avoir beaucoup. Eh bien, il semblerait que c'est tout ou rien ici! Le passage à gué se rélève conséquent, et il en sera ainsi régulièrement quand indiqué sur la carte. Bien, problème réglé!

Les glaciers centraux

Le chemin que j'ai prévu me fait passer entre deux massifs glaciers : le Hofsjökull et le massif Vatnajökull (8300 km^2 svp). je les vois rapidement se profiler sur l'horizon et me servent de point de repère. Je remarque un phénomène météorologique curieux : très souvent, lorsque tout est gris, il fait un grand ciel bleu, juste au dessus de ces glaciers! Ou alors, l'opposé total! Bizarre...

Je marche plusieurs jours, me rapprochant du Vatnajökull, et que vois-je? C'est pas vrai! Une couleur différence du gris et du noir! Oui, il semblerait qu'il y ai du vert sur les parois du glacier!

Je consulte ma carte, mais je suis un peu perdu -- le Vatnajökull est orienté bizarrement, et la piste ne va pas tout à fait où j'imaginais... et à ce moment, je réalise que ce n'est pas le Vatnajökull que j'observe, mais le Tungnafellsjökull, un minuscule glacier juste devant le Vatnajökull! Ok bon c'est noté.

Au pied du Tungnafellsjökull, je rejoins une piste provenant du Lac Mývatn, à l'Est d'Akureyri, et je commence à avoir du traffic automobile : une centaine de véhicules/jour, une bonne partie étant des véhicules 4x4 loués par des touristes. Au pied du glaciers, les rivières commencent à être conséquentes (mi-cuisse à fort débit), et j'ai eu l'occasion de croiser un 4x4 loué qui hésitait très fortement à traverser une rivière! Ah, moi aussi complètement j'aurais fortement hésité tiens, il y avait du bon débit et c'était déjà pas mal chaud à pied! Finalement, un massif bus 4x4 arrive, ligne régulière Nord-Sud (1/jour), et ouvre la voie...

Nyidalur

Bon il est maintenant temps de prendre une décision. Je suis arrivé à Nyidalur, un refuge au pied du Tungnafellsjökull, et je suis en retard... Pas de grand chose, mais je suis en retard sur mon planning, et je n'aime pas baser mon planning sur des éléments non-sûrs du type, "Je ferais du stop quand ca sera chaud". Je pense que ca aurait été faisable sans problème, mais juste appelez moi psychorigide eh! J'ai pas envie d'acheter un nouveau billet au prix+++, pas depuis que ca m'ait arrivé en Mongolie l'année dernière (500€ -> 1300€!).

Donc la décision est prise, je vais sauter une section -- la gardienne du refuge de conseille de rejoindre "Landmannalaugar" plus au Sud, qui serait un bon point de départ. Il faut savoir qu'à ce stade, je n'avais pas de chemin de prévu au Sud, j'avais juste ma carte, et les tracés ne me donnaient pas tellement confiance : le terrain était assez accidenté, ma carte était clairement vieille, et je n'étais pas sûr de la faisabilité de certains des chemins.

Hop le choix est fait, je fais prendre ce fameux bus 4x4, et pour la modique somme de 100€ (rah je hais les prix Icelandais!), je fais faire 100km en bus pour aller à "Landmannalaugar" et gagner quelques jours.

Laugavegur

AAAaAaAAaaahhh!

Tel est le cri que j'ai poussé intérieurement en découvrant Landmannalaugar : une bonne centaine de tentes, et des touristes partout! Merde merde merde!

Bon, précisons, j'ai rien contre les gens de manière générale, mais pour mes randos, j'aime l'aspect solitaire : pouvoir entendre que le vent, faire caca en paix, faire voeu de silence, et me dire que toute cette montagne n'est qu'à moi pour mon passage.

Mais je découvre avec horreur que le Laugavegur, avec comme point de départ Landmannalaugar, est THE rando à faire en Islande, que tous les touristes viennent pour ca, et qu'il y a des lignes de bus dédiés depuis la capitale, avec plusieurs rotations par jour!!

Bon après il faut dire que la rando est sympa. Changeant complètement du gris/brun monotone du désert volcanique, on arrive dans une zone vallonée, parfois alpine, avec des contrastes de couleurs assez unique. Il y a notamment une sorte de mousse verte qui arrive à vivre sur des montagnes de roches arides qui leur donne une teinte assez particulière.

Et c'est parti avec le troupeau... La rando fait 3/4 jours jusqu'au Þórsmörk, et c'est surtout sur les 2 premiers jours que le troupeau se concentrera. Le chemin sera assez varié, commencant tout d'abord par des collines jaunes et des restes de coulées de lave, suivi par une zone alpine avec des rochers noirs vitrifiés, pour continuer dans une zone désertique un peu similaire à ma première partie de trajet. On rencontrera ci et la des geysers.

Et malheur -- mais en même temps une très bonne chose vu le monde -- le camping n'est autorisé qu'aux camps désignés. Et parfois assez petits, on entend ronfler dans la tente plantée à 3 mètre de la sienne...

La plupart du troupeau doit choisir l'option deux-jours, car le traffic diminue vers la fin. Alors que nous descendons plein Sud et perdons de l'altitude, nous apercevons au loin le fameux glacier Eyjafjallajökull qui a fait tant parler de lui il y a quelques années...

Eyjafjallajökull

Une fois arrivé à Þórsmörk au pied du glacier, dispersion! La plupart du troupeau se retire, et seul une poignée continue pour la traversée du col entre le glacier Eyjafjallajökull et le glacier Mýrdalsjökull. Le chemin se révèle être assez raide et parfois escarpé. A 1000m au col, de la neige nous accueille, ainsi que les tous nouveaux cones volcaniques de l'éruption de l'Eyjafjöll en 2010!

Paysage inhabituel, je découvre des portions de glacier qui ont été recouvert de cendres volcaniques en 2010 et qui fondent, formant des petites rivières noires de centres...

La descente du col est bien plus facile, et je termine tranquillement ma rando en suivant la petite rivière, qui grossit, grossit, et enchaine les chutes d'eau. Tout en bas, à Skógar, maaaasse de monde! Ah! Tant de monde pour venir célébrer mon exploit! Ah, même plusieurs drones pour filmer mon arrivée!

Ah mais non, c'est juste que Skógar est THE chute d'eau à voir en Islande...

Bon, en gros, je peux diviser cette rando en 2 : Akureyri-Nyidalur, que j'ai particulièrement kiffé -- effet seul-au-monde garanti et dépaysemnt total ; et Landmannalaugar-Skógar, qui me laisse un goût amer, même si ca en valait le coup.

Mais maintenant que je connais l'Islande, ses lieux touristiques et surtout ses lieux non-touristiques, je vais revenir l'année prochaine, pour une zone seulement accessible en ligne intérieure d'avion PUIS bateau : la réserve naturelle d'Hornstrandir!