Le GR20

France (2018) - 180km

 

J'ai fini le GR20 l'avant veille. J'ai eu la chance d'avoir ma copine et mes parents qui sont venus me chercher à la fin, pour ensuite passer une semaine de vacances en Corse. On est dans notre location, je viens de passer ma seconde nuit. Je me lève, prend l'escalier de 10 marches pour accéder au salon... et suis essouflé. Plus d'énergie, je suis mort.

Totalement inattendu

J'avoue, j'ai eu peur en décidant de faire le GR20. Je voyais le GR20 comme une de ces randos hyper peuplées, comme le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle (que j'ai pas fait, mais dont j'ai lu des chiffres hallucinants, 300 000 en 2018!!! Ca veut dire du 1000 personnes/jour en moyenne sur le trajet!!!). Et comme je préfère marcher seul, et dans l'idéal croiser personne ou max 2/3/4 personnes les soirs pour camper, j'ai eu un peu peur!

C'est pourquoi j'ai pris la décision de faire le GR20 le plus tard possible dans la saison : mi octobre à début novembre. Tous les refuges étant non gardés à cette époque de l'année, je porte donc toute ma nourriture avec moi, avec un colis nourriture en milieu de trajet.

Avec ca, je m'attendrais a ce qu'il soit relativement facile pour que le plus grand nombre puisse y participer. J'ai rien contre les chemins faciles, mais si c'est un peu épicé, j'apprécie aussi!

Pour terminer, vu les altitudes annoncées, je m'attendais à du terrain type alpage (valloné et arrondi, facile) mais sec.

Au final, ce GR20 aura été l'opposé de ce que à quoi je m'attendais.

Le décors

Whoah! Alors effectivement c'est sec, mais les montagnes sont escarpées et brut! Des dents, des murailles, des pics partout! Des rochers, des rocs, le Mordor! Il faut attendre genre 2000 mètres en Savoie pour avoir ca, mais ici c'est direct dès 1000 mètres! C'est une bonne surprise.

Le dénivelé

Quand je prépare un trajet, il m'arrive parfois de survoler et de pas visualiser certains détails, et le 11 000 mètres de dénivelé positif était l'un deux. Ca revient, avec mes 14 jours de trajet, à du 800 mètres par jour. 800 mètres en soi, c'est pas grand chose, mais faire ca 14 jours d'affilé, avec un sac à dos, et surtout avec un apport alimentaire clairement en dessous de ce que j'avais besoin... A la fin du GR20, un rien m'essouflait, je devais avoir de l'eau à la place de sang!

Avec ca, le terrain était finalement assez relevé! Particulièrement la partie Nord. Les pentes sont parfois bien pentues (ahah), les passages serrés, des chaines sont parfois la pour aider les passages difficiles.

Le chemin est dans l'ensemble très bien marqué. J'ai eu au total deux trois hésitations, mais ca a été.

La météo

Aaaaah la météo corse! Vous m'excusez, je n'ai jamais vécu en bord de mer, ou sur une île, donc je m'y attendais pas! Pour la première fois, j'ai du rebrousser chemin sur un chemin à cause du vent, car je n'arrivais pas à tenir debout, et il y avait le ravin à coté. Et quand tu arrives à monter sous ce vent pour passer un col, tu prie de ne pas te retrouver dans un passage dangeureux...

Au troisième jour du GR20, quand la pluie s'est mise à tomber... c'était des torrents. Le chemin était un torrent, ca coulait de partout. Pour boire, suffisait de me pencher sur le premier rocher venu. J'ai kiffé!

J'avoue j'ai eu parfois un peu peur pour certains autres randonneurs. Bon je sais qu'on doit soit meme apprendre de ses bêtises, j'y ai eu droit par le passé, mais bon certains étaient équipés bien bien léger...

Le lendemain, pour la 4ème étape, la plus haute du parcours (à 2600m), Météo France nous mets une alerte orange, je reste au refuge, et j'encourage les autres à faire de meme. Il pleut non stop des trombes toutes la journée, et nous profitons du feu de bois pour nous réchauffer. Les gendarmes passeront ce jour la pour un randonneur dont la femme n'avait plus de nouvelles, et qui sera ensuite retrouvé ayant campé en amont.

En milieu de GR20, je me suis parfois retrouvé sur les cols et crêtes dans de la brume, parfois bien venteuse. Un jour, je me fais doubler par un groupe de 2 (partie d'un groupe de 4, seul groupe que je croiserais sur la partie Sud du GR20). Quelques heures après, je les croise allant dans le sens inverse :

  • "Le col est infranchissable?"
  • "Hein?"
  • "La vous remontez au Nord, vous vous êtes pas trompé?"
  • "Non non tout va bien"
  • "Mais c'est le Nord derrière moi"
  • "..."

Lol. Le brouillard est tellement dense que je devais régulièrement vérifier mon chemin au GPS; le chemin passant et repassant non stop d'un coté de la crête puis de l'autre.

Vers la fin du GR20, je me dépeche et double des étapes, car, après une accalmie, la pluie est prévu de revenir en force. Au dernier refuge, je croise 3 jeunes (~20 ans, damn je suis plus un jeune) clairement inexpérimentés qui commencent le GR20 (début novembre!), sans tente et sans savoir que les 2 refuges suivants sont pas utilisables (1 brûlé, 1 fermé à clé (privé)). Je les encourage très fortement a abandonner leur projet (même si le projet peut être interessant en mode survival, je pense pas qu'ils en étaient la!).

Dernier jour, effectivement la pluie est de retour en force, et j'évite le lendemain l'alerte rouge de Météo France, la seconde dans l'histoire de la Corse!

La tente

Comme les nanas avec les sacs... Moi c'est la même chose mais avec les sacs à dos, tentes, etc! Et cet année, après que ma fidèle Big Agnès UL ait été roulé dessus par un 4x4, chahutée par le vent, et de manière générale bien utilisée en 3000 km de rando, j'ai voulu tenter une nouvelle, et encore plus légère : la tente Plexamid de ZPacks, pesant 500g (j'ai pris la version avec le matériel le plus épais, préférant un minimum d'opacité et croyant avoir tout vu coté vent en Islande).

La grosse nouveautée pour moi, c'est que c'est une tente simple couche, et qui se sert du baton comme maintien. L'aspect simple couche fait qu'il y a pas mal de condensation à l'intérieur, mais après la tente est prévu avec une sorte de systèm de rabat intérieur : l'eau coulant sur la paroi intérieure passe ensuite à travers un filet et va dehors. Le problème : si vous bougez la nuit, que vous glissez et poussez la paroi, le système non seulement ne marche plus pour la condensation, qui va alors à l'intérieur, mais la pluie aussi va à l'intérieur! De ce fait, je stressais parfois un peu pendant la nuit et vérifiait ma position...

Coté poids, effectivement je gagne un bon 700g, non négligeable! En revanche, en terme de volume, il y a pas forcément de gain, la surface de la tente était très froissée. Avec cela, forcément, si la tente est mouillée, et que vous l'empactez, il n'y a pas moyen de garder l'intérieur sec...

J'ai final dormi 11 nuits sur 13 dans la tente, avec des températures parfois négatives la nuit : ca a été, mais je suis maintenant bien équipé pour le froid. J'ai eu de la chance de toujours pouvoir sécher la tente en journée, et d'avoir eu un refuge bien équipé les 2 jours où j'étais bloqué pour sécher mes affaires.

Esprit Te Araroa

C'est au final avec grand plaisir que j'ai retrouvé l'esprit de mon Te Araroa en 2014/2015 : des journées sans croiser personne le jour et le soir, et des journées avec quelques personnes seulement. Des refuges dans l'ensemble basiques (mais bien plus équipés qu'en Nouvelle Zélande!). Deux soirées dans un refuge au feu de bois en mode sauna de vetements puants. Un début de groupe de personnes qui aurait pu bien continuer ensemble si le trail avait duré plusieurs mois.

Clairement ca a été des bonnes conditions, grâce à un nombre raisonnable de randonneurs (10-15 sur la partie Nord du GR20, 4 sur la partie Sud), clairement aidé par le choix de la saison (fin octobre à début novembre). J'ai clairement vu que l'été ca doit être particulierement rempli (recherche rapide, je lis 20 000, donc genre 200 par jour en période de pointe!!!). Et comme on sait, plus il y a de monde, plus il y a des tensions...

Conclusion

Au final une très bonne surprise, de par un bon choix de saison, qui m'a fait rappelé un moment le Te Araroa! Du coup ca me motive à faire les différents GR de France, et je sens que je vais faire en 2019 le GR5 tout près de chez moi!