Le Bibbulmun track

Australie (2015) - 300km

 

Cinq mois de marche à pied en Nouvelle Zélande à peine fini, ca aurait du ralentir toute envie de nouvelle marche à pied pour un moment non? Et bien non! J'imagine que c'est à partir de là que j'ai compris que la marche à pied était devenu une vraie passion!

Mais avant cela je me suis permis une petite folie : un rêve que j'avais en tête depuis un moment, et qu'il fallait que je fasse : je suis rentré de Nouvelle Zélande à Paris, ai pris ma surpuissante moto de 125 cm^2 (c'est l'équivalent d'un vélo à moteur, pour ceux qui connaissent pas), mon sac à dos du Te Araroa, et suis parti traverser l'Europe, la Russie et ai terminé mon trajet à Ulaan Baataar, capitale de la Mongolie! Superbe trajet, mais qui n'entre pas dans le cadre de ce site :) Ce après quoi j'ai rejoins mon frère en Australie et ai hérité de son van lorsqu'il est rentré en France. Et après avoir fait 3/4 du tour de l'Australie, et vendu le van, il me restait une quinzaine de jours avant de rentrer en France...

L'Australie

L'Australie est un vaste pays, aussi grand que l'Europe. Et c'est un pays chaud, très très chaud. A l'exception de la partie Sud-Est, tempérée, on parle d'une moyenne de 30-35 degré la journée -- le record auquel j'ai eu droit a été une journée à 41 degrés combiné à un vent avec rafales de 100 km/h... A ce stade, ouvrir les fenêtres du van en route ne vous rafraichit plus, mais vous réchauffe encore plus!

Le Bibbulmun track

Avec cela en tête, j'ai recherché la rando le plus au Sud possible, tout en étant en Western Australia près de Perth, ville de mon départ. Et il se trouve que le Bibbulmun Track, une célèbre rando de 1000 km et donc ~45 jours, commence à Perth! N'ayant que 15 jours, je décide de prendre une section au Sud, car, n'ayant pas vraiment le choix, je suis hors-saison et les temperatures commencent déjà à remonter (Novembre/Décembre = Mai/Juin pour cet hémisphère).

Et bam, petit bus pour Pemberton, et objectif rejoindre en 15 jours de marche Denmark!

Les march flies, flies et autres bestioles

Première journée, il fait chaud, mais ca va, je suis sous des immenses arbres karri qui font dans les 50 mètres et qui m'abritent. Et très rapidement, je me fais des amis. Beaucoup d'amis. Du type, amitié à un seul sens. RaaAa lachez moi les mouches!

Car il faut savoir que la mouche de base Australienne n'est pas comme l'Européenne. L'Européenne est polie. Elle va d'abord venir vous voir, tourner un peu autour de vous. Puis, une fois qu'elle a fait connaissance, elle va gentiment venir se poser sur vous. Si vous la repousser, elle reviendra peut être plus tard, et si vous la repoussez à nouveau, elle aura compris.

Mais rien de ça avec la mouche Australienne. La mouche Australienne, c'est ni bonjour, ni en-revoir, c'est direct, elle arrive et rentre dans votre nez! Les oreilles sont aussi une destination prisée de ces mouches, et gare à ouvrir la bouche! J'en ai mangé plus d'une sans faire exprès...

Mais tout cela n'est que désagrément, comparé à... la march fly! On me l'avait prévu, et j'avais lu qu'elles étaient entre autre attiré par le bleu foncé... que j'avais sur moi. Et en fin de journée le premier jour, j'entend un bourdonnement inhabituel : ma première march fly! Tain en effet, pas envie de me faire piquer par cette trompe!

Les huts

En Nouvelle-Zélande, j'avais fortement apprécié les "huts" présentes un peu partout sur l'île du Sud. Après avoir fait en grande majorité l'île du Nord en tente, ces petits refuges de 6-8 places non gardés faisaient bien plaisir! Surtout quand vous arrivés trempés, froid, ou bien les deux.

Ici sur le Bibbulmun, surprise! Il y a aussi des "huts", mais elles sont ouvertes! Elles sont standardisées et suivent 2 modèles : ouvertes à un quart, et ouverte à moitié (cf la photo ci-dessus). Et en effet, vu la température, pas besoin de chercher à fermer les huts... Il y a parfois un seul, parfois 2 niveaux sur lequels ont peut poser notre sac de couchage, et, comme en Nouvelle-Zélande, une cuve d'eau récupérée de pluie (attention! pas toujours remplie...)

En revanche, appelez moi difficile ou frileux, mais j'ai eu du mal à dormir directement avec mon sac de couchage... Entre les march flies (qui, OK, sont peu présentes la nuit), les araignées, et les potentiels serpents... Hop je sors la tente dans la hut! Et la je suis content d'avoir une tente auto-portante...

Contrairement aux huts de Nouvelle-Zélande, chaque hut a ici en plus de son "logbook" un carnet de remarques, où les gens sont invités à poser leurs observations. Et c'est souvent hillarant et riche d'anecdotes à tout va! Je vous recommende de lire celle ci-dessus. Et si jamais vous faites le Bibbulmun un jour, peut-être trouverez vous mes entrées, parfois signé "Lord of the Bibb" ;-)

Les serpents

C'est arrivé sur un chemin en terre pour véhicule. La voie est bien dégagée à droite, à gauche, et je marche au milieu. La route est droite, je vois donc la route sur plusieurs centaines de mètres. Et pourtant... Bam! Je ne vois ce serpent à 2 mètres que parce qu'il se décide à bouger pour éviter que je l'écrase! C'est quand même assez flippant, et la photo ci-dessus sera la seule photo de serpent que j'aurais réussi à avoir.

Car au final j'en croiserais 5 sur les 15 jours, dont un au tournant d'un chemin en sable : le serpent a été aussi surpris que moi et s'est très vite barré! Au final, pas de serpent aggressif, ce que j'avais cru comprendre être le cas général, mais un randonneur Australien croisé me racontait son histoire avec un serpent à 1.5m du sol dans un buisson qui se serait jeté sur son visage, le manquant de peu. Bon après, s'agit il d'un Australien Marseillais, je ne sais pas, mais j'ai quand même fait doublement attention...

Et concernant les protections, j'ai acheté des guêtres costaud qui montent haut, en tissu assez rigide : ces protections m'ont quand même bien rassuré... Et pas que pour les serpents! Mais j'y arrive...

Les araignées

Je suis donc en train de marcher le Bibbulmun en hors-saison. Cela signifie que je croise quasi-personne. En regardant les logbooks des huts, la dernière personne à être passé est 7 jours devant moi. Un gros avantage : je suis seul et tranquille, ce que je kiffe! J'ai donc eu à deux-trois exceptions près les huts pour moi tout seul. J'ai vraiment l'impression d'être le seul au monde, en train de s'aventurer en contrée inexplorée ;-)

Je marche sur une route en terre, bien au milieu histoire ne pas avoir de surprise. Je me rapproche de la zone de Pingerup, et la mer n'est plus qu'à quelques jours. Subitement, les flèches du Bibbulmun me font quitter la route et me font m'enfoncer dans un étroit chemin de buissons et herbes hautes. Je rentre dans un marais asséché. Et je découvre là une quantité et une variété incroyable d'araignées! Des petites regroupées par centaines dans des pelotes de toiles, des grosses de 15cm tissant des fils costauds... Et comme la dernière personne est passée avant moi il y a 7 jours, elles ont eu le temps de bien se réinstaller sur le chemin!

J'avoue, j'étais pas mal en stress. Un baton me servait à casser les toiles d'araignées en face de moi, et l'autre baton me servait à repousser les buissons et herbes hautes me collant de trop près. Je progressais très lentement... Et en bonus, rajoutont les march flies qui ne vous oublient pas, et bien sûr les mouches qui en profitent pour vour rentrer dans le nez et les oreilles! Et en second bonus, je savais à ce moment la que certaines araignées Australiennes sont très mortelles, mais aucune idée pour lesquelles!

Durant ce passage, qui durera plusieurs heures ainsi qu'une partie du lendemain, j'étais trèèèès content d'avoir mes guêtres, qui me garantissait que rien n'entrait par mon pantalon!

Les incendies

Je suis à la hut de Dog Pool -- ou en fait ce qu'il en reste, car elle est partie en fumée récemment j'ai appris -- et je me prépare pour la nuit. Et la, je commence à sentir de la fumée... Je me lève, et vois clairement un voile de fumée. Merde! J'avais pourtant bien vérifié la veille qu'il n'y avait pas d'incendie dans le coin! Heureusement cette hut est une des rares à avoir un gros point d'eau, j'y déplace ma tente juste à coté. Les heures passent, la fumée s'intensifie... puis se dissipe et disparait. Alerte passée.

En Australie, les incendies sont courants. Il s'agit juste de bien s'informer, et c'est ce que je faisais en allant sur le site des emergencies du Western Australia quand j'arrivais à capter du signal. J'avais notamment été bloqué avant cette rando par un feu massif alors qu'il faisait 40°C et un fort vent, et j'avais pu voir en lisant des news qu'il valait mieux pas rigoler avec ca en Australie.

Je traverserais pendant ce Bibbulmun plusieurs zones récemment incendiées, et il est intéressant de voir à quel vitesse la nature reprend vie : les grands arbres, habitués, font nouvelle peau en faisant tomber leur écorce brulée, et la petite végétation repart à toute vitesse.

Au final

Beaucoup de nouveautés, un climat nouveau, des challenges inhabituels et flippants... Que demande le peuple?? Ce tour Australien aura été bien différent de la Nouvelle-Zélande, et je regrette ne pas avoir eu les 50 jours nécessaires pour faire le trajet complet! Je finirais au bout de 15 jours à Peaceful Bay, avec à la clé un bus pour retourner à Perth et direct prendre l'avion pour Paris.

Et ceci sera la fin de ma période de 1 année et 3 mois pendant laquelle je serais allé marcher 5 mois en Nouvelle-Zélande, puis 3 mois sur place en "woofing", 2 mois en moto Europe-Russie-Mongolie, puis 4 mois en Australie. Je retournerai ensuite travailler à Paris, mais toujours avec de nouvelles idées en tête. Six mois plus tard, je partais tenter la traversée de l'Islande à pied!